Kevin Yu
Les nymphéas
exposition du 2 février > 3 mars 2007
Que se passe-t-il lorsqu’on veut réconcilier art géométrique et abstraction lyrique ? Qu’attendre d’un artiste qui faisant fi des frontières mêle la liberté du geste et la rigueur mathématique ? Peut-on peindre en se réclamant à la fois de Pollock et de Mondrian ?
Par un prénom anglais, imposé par l’école, et un patronyme chinois, Yu Chen Feng dit Kevin Yu, né à Taïwan en 1956, se trouvait déjà aux frontières de deux civilisations. Sur toile ou sur bois, il œuvre dans la tradition millénaire de la superposition des laques et de la fulgurance du geste cent fois répété jusqu’à la perfection. Un seul coup de pinceau et la silhouette s’inscrit sur le rouleau qui se déroule lors des grandes cérémonies. Le trait devient paysage, souffle et force contenue. Elevé dans la tradition confucéenne, Kevin Yu n’échappe pas à l’attrait de l’Occident, il débarque à Paris en 1981 sans savoir un mot de français et découvre enfin les chefs-d’œuvre des grands maîtres dont il ne connaissait que des reproductions. Il est happé par la ville. Il s’invente une œuvre où sur le filigrane d’une peinture gestuelle se greffent les fragments d’un autre monde, carrés photographiques, fenêtres du futur ouvertes sur un passé fuyant où la mémoire se dissout dans l’espace fulgurant de l’instant.
Lélia Mordoch