La peinture de Gérard Guyomard est semblable à son rire tonitruant, elle éclate sous son grand chapeau dans la joie de vivre du quotidien. Lorsque Gérard Guyomard a montré ses découpes à la galerie du centre j’ai tout de suite été enthousiasmée, ce sont de véritables sculptures murales. En délirant, une clope au bec devant un verre de whisky, c’était l’heure de l’apéro, on s’est dit qu’un jour on ferait une exposition ensemble. C’était il y a dix ans et la voilà enfin : cinema.cam.
.cam, non pour camera, non pour stupéfiant ou pour Cameloth, mais pour camembert car il faut mêler le sublime du 7ème art au prosaïsme du camembert sinon nous risquerions de trop nous prendre au sérieux. Le camembert, ce met bien franchouillard, béret, baguette et pinard, qui porte en lui l’emblème du coq tout autant que la Tour Eiffel, Arc de Triomphe et point d’orgue des fromages puants qui s’exportent aussi bien que les parfums et les vins fins, dignes ambassadeurs de la France des bons vivants.
Des découpes et des toiles qui parlent des films que Gérard a aimés… et qui sont venus en visions métonymiques se poser sur le tableau au gré de l’inspiration de son pinceau. Collages tous azimuts et couleurs épatantes, on retrouve dans cette nouvelle série tous les thèmes chers à l’artiste. Gérard pense au film et il se matérialise en morceaux choisis sur la toile. Le monde du cinéma est présent depuis toujours dans l’univers pictural de Gérard Guyomard, les stars deviennent des éléments de prédilection dans de nombreuses compositions au gré des formes informelles des figures de la narration. Un érotisme parfois agressif transcende toute son œuvre pourtant la femme n’est jamais objet mais sujet du désir et sujet désirant. En porte-jarretelles et combinaison de soie, dénudée, en robe du soir ou en lingerie fine, parfois vêtue de manière tout à fait conventionnelle, elle est toujours libre… elle s’éclate, forme dansante et ironique, jouissante jouisseuse voluptueuse et plane sur la toile d’une humeur joyeuse et fantasque au diapason de la fantasmagorie fantasmatique du peintre toujours amoureux. Leurs silhouettes flottent, contours poussés par le souffle de la création qui s’égayent sur la toile dans l’équilibre instable d’une apesanteur lunaire.
Lélia Mordoch
|