Les Tours, racines du ciel
Est-on plus près de Dieu au 113ème étage ?
Longtemps, la ville des gratte-ciel fut New-York.
Le voyageur voyait s'avancer sur la mer ces géantes de pierres qu'encore dominait le flambeau de la Statue de la Liberté. La proue du transatlantique fendait fièrement les eaux dans le port dominé par la ville, brouillant le reflet des buildings. L'Amérique.
Le voyageur européen est happé par la verticalité. Il se promène entre deux remparts immenses qui se rejoignent à l'infini, prisonnier de ses racines géantes, il renverse la tête pour regarder le ciel.
Du sommet de la plus haute tour, je domine le monde. Le nez collé à la vitre, dans l'ivresse d'un vertige sécurisé, la ville déployée à mes pieds, je contemple la vaine agitation des fourmis, automobiles et passants qui ne sont plus que taches minuscules, là-bas, en bas, tout en bas.
La cité du futur du monde de mon enfance est là, étalée à mes pieds.
Les tours de verre s'adossent aux tours d'ivoire... Impénétrables et translucides.
Joe Neill a grandi près de Chicago, la ville dont l'architecture faisait rêver dans les années 70.
Le verre commençait à remplacer le béton.
Il sculpte une ville de tours ouvertes en dentelles de bois dont la complexité emprisonne l'âme au fond d'un labyrinthe.
Lélia Mordoch |