Nous sommes les enfants de notre temps et il ne fait pas beau.

Mais il ne faut pas désespérer, James Chedburn construit des machines à fabriquer du bonheur. Tournez la manivelle et la sculpture s’anime. La main se déplie, la trompe se replie, le petit train fait le tour du monde, le bateau fend les eaux. Attention au bus de Noé ! Don Quichotte à monocycle part à l’assaut des centrales nucléaires.

Il crée des tableaux en mouvement, comme au XIXème siècle avec des objets échoués sur les rives du futur, boîtes de fer rouillées aux images désuètes. Le fil de laiton génère un dessin en trois dimensions, une sculpture légère, aérienne, qui laisse des ombres au mur et de la place à l’imagination.

Voyage autour de la Terre, voyage dans le temps, machineries qu’on peut croire inventées par Léonard de Vinci pour Jules Verne. C’est du « Steampunk », ce courant artistique qui naît à la fin du XXème siècle et plonge ses racines à l’époque victorienne pour donner corps à l’héroïque fantaisie, aux mangas et aux pyramides volantes d’Enki Bilal. Les Sex Pistols donnent un concert dans le sous-marin jaune du capitaine Nemo. Foin de l’électronique, il faut être de son temps mais savoir en changer.

James Chedburn brouille les pistes en mélangeant les époques et les lieux avec les rouages poétiques de ses sculptures animées avec grâce. C’est une tête d’indien ? Non c’est une tête de punk. Les paroles des chansons qu’il scande s’inscrivent sur sa crête.

Oscillant entre humour et nostalgie, James Chedburn vogue sur ses vagues de laiton.

Il construit une machine à dessiner, et voilà que l’épave rouillée du progrès devient navire volant au-dessus des eaux profondes de la destinée.

Lélia Mordoch